une crème

Dire Merci chéri,

Etre toujours poli,

Lire au grand tableau,

Ecrire tous les mots.

Boire sans se tâcher,

Manger sans se presser,

Avoir une bonne tenue,

Et avoir de la retenue.

Bien se contenir,

Savoir se soutenir,

Rester toujours droit,

Faire valoir ses droits.

Contenir sa foi,

Respecter les lois,

Ne se prendre pour un roi,

Qui veut tout ce qu'il voit.

Refuser un caprice,

Succomber aux délices,

Comme ceux qui veulent tout,

Sans s'occuper s'ils ont les sous...

J'étais un bébé,

J'étais un nouveau-né,

J'étais un enfant,

J'étais adolescent,

J'étais un jeune parent,

J'étais nouveau méchant,

J'étais un papa très âgé,

J'étais un père aimé.

Je suis devenu beau-père,

Je suis aujourd'hui austère,

Je suis un voisin pour tous,

Je suis isolé de tous.

Je vais devenir copain,

Je vais devenir malsain,

Je vais devenir vaurien,

Je vais devenir vilain.

Vous qui lirez ce poème,

Vous qui disiez on t'aime,

Vous qui critiquiez mes lignes,

Vous qui vous croyez dignes,

Vous qui êtes des nantis,

Vous pour qui tout sourit

Vous qui jouez les ahuris

Vous, oui vous, je vous dis merci.

Toi qui souris de moi,

Toi qui te fous de moi,

Toi qui ris de mon émoi,

De temps en temps regarde-toi.

Qu'as-tu de plus que moi

Tu te crois mieux qu'un roi,

Et pourtant au fond de toi,

Es-tu content de toi?

Si vraiement tu le crois,

Alors tant mieux pour toi

Car au fond de moi,

Je me préfère à toi.

Sur ces mots, je fais une croix

Car ils sont dits par toi

Et si j'en ris parfois

C'est pour que sincère tu me crois.

Encore une fois cette nuit,

Le téléphone va sonner

Encore une fois cette nuit,

Il y aura des vies à sauver.

Encore une fois cette nuit,

Le sommeil sera court,

Encore une fois cette nuit,

Quelqu'un criera au secours.

Encore une fois cette nuit,

Il se fera un passage,

Encore une fois cette nuit,

La route sera pleine de virages.

Encore une fois cette nuit,

Il arrivera à l'hôpital,

Encore une fois cette nuit,

Avec un blessé normal.

Encore une fois cette nuit,

Il retournera chez lui,

Encore une fois cette nuit,

Il aura sauvé une vie.

Dans ce tout petit village,

Tout le monde les connaissait

Car ils campaient près de la plage,

Celle dont personne ne voulait.

Dans leur grande caravane verte,

Ils vivaient à six ou sept,

Aucun ne savait vraiement,

Combien ils avaient d'enfants

Dans le grand champ derrière,

Du linge séchait sur la barrière,

A côté brûlait un feu de bois,

Où mijotait le grand repas.

Un jour les flics sont venus,

Pour leur dire de partir,

Alors ils ont repris la rue

Pour ne plus jamais revenir.

Depuis la plage est triste,

Car personne n'y va plus,

Seul leur souvenir subsiste

Au fond des années révolues.