Et pourtant c'était vrai HISTOIRE DE FRANCIS CLUZEAU

On appela un prêtre afin de lui prodiguer l'extrême onction. C'est alors que le responsable du camp demanda à un soldat allemand de faire disparaître le corps. Quatre hommes furent désignés, et depuis on n'en entendit plus parler. Certains ont versé quelques larmes après sa disparition. J'en ai même vu en rêver car ils prononçaient son prénom la nuit. Certains n'y pensaient plus le soir même. Moi cela m'avait touché car nous échangions nos vêtements trop petits pour moi, ou trop longs pour lui. Ou vice-versa. Nos galoches, nom des chaussures, étaient toutes ferrées, ce qui faisait du bruit en marchant dans les rues. Je me rappelle même que l'on prenait un grand plaisir à faire des étincelles sur les routes verglacées en plein hiver ou dans la cour de notre école. Pour aller en classe, nous les déposions en face de nos vêtements accrochés dans le long couloir. Alors on prenait nos souliers pour ne pas rayer le parquet ciré de la classe. C'est alors que notre institutrice épelait le nom de chacun de ses élèves.. Chacun notre tour, on répondait : "Présent !". Francis Cluzeau